vendredi 19 février 2010

Que reste-t-il de MC Solaar ? (au moins ça)

« Les nouveaux riches sont plus sincères
Ils savent mieux s’envoyer en l’air
A part peut-être MC Solaar
Qui doit bien planquer sa Jaguar
Et sa gourmette de chez Cartier
Qui fait chelou dans son quartier »

Sarclo, Les Riches, 1996

« Toi qui a mis
Sur ma langue ta langue amie
Et dans mon cœur un décalcomanie
Marqué liberté liberté chérie
Je donne des parts
Pour ce moment délicieux hasard
Adamo, MC Solaar »

Alain Souchon, Le Baiser, 1999

« Entre Rimbaud et Rambo
Y a quelque chose qui sonne faux
Entre Mozart et Solaar
C'est la même histoire »

Gérard Lenorman, Entre Lénine et Lennon, 2000

« Georges-Alain prendrait sa guitare
Cabrel viendrait lui montrer
Solaar s'il n'est pas en retard
Faut toujours pas rêver »

Jérémy Chatelain, Je veux qu’on m’enterre, 2006

« Je vois très bien en colibri
La belle Vanessa Paradis
Son Johnny Depp en très gentil moineau
Nougaro en petit taureau
Noiret en jeune éléphanteau
MC Solaar s'rait très bien en agneau »

Eddy Mitchell, L’Arche de Noé revisitée, 2006

lundi 8 février 2010

Willie Nelson, ou comment se tromper d’Amérique

Comment une star se plante-t-elle ? Comment un symbole peut-il se mettre hors sujet ? Il sort ses jours-ci un nouvel album de standards par Willie Nelson, American Classic, qui illustre combien on peut être américain, classique et pourtant à côté du propos. Déjà, il y a quelques temps, il avait enregistré Two Men With the Blues avec Wynton Marsalis – deux immenses personnalités, deux immenses talents, deux incontestables trajectoires américaines et quel plat, quel crash, quel effondrement… Et une belle erreur dans le titre : non, Willie Nelson peut exprimer mille sentiments, mille états d’âme, mille situations, mais certainement pas le blues.
Avec American Classic, même déception. Il y a Joe Sample, Christian McBride et Lewis Nash à la rythmique sur une bonne partie des titres, et pourtant tout ce qui devrait swinguer est amolli, dénervé, amorti. The Nearness of You, Come Rain or Come Shine, Ain’t Misbehaving, tout ce qui devrait s’insérer dans une tradition de doigts qui claquent et de mesure bien marquée se retrouve curieusement moelleux, rectiligne, éclairé a giorno. Pourtant, Willie Nelson a souvent su poivrer ses disques, leur donner une âpreté et un rugueux qui disaient la vraie vie, les sentiments forts, la rudesse du destin – l’Amérique, quoi.
Curieuse leçon : personne n’est un génie partout ; il existe parfois des frontières de genre, et qui comptent vraiment. Et, quand on parle de l’Amérique, il faut donc croire qu’il n’y a pas une seule Amérique…

mercredi 3 février 2010

Christophe, au passage

Petite rencontre, hier, avec Christophe, pour une interview filmée réalisée en pool. Plaisir romanesque, toujours, du dialogue dans lequel il rêve de Timbaland et Thom Yorke, de ses envies à la Kubrick ou à la Lynch. La posture unique de cet interviewé qui dit à l’intervieweur : « Si vous ne me rattrapez pas au vol, ce n’est pas moi qui vais vous rattraper. »
Attrapés au vol, quelques copeaux d’un discours touffu, emmêlé, foisonnant, torrentueux, joycien, étourdissant :
« Je suis un voyeur, j’adore entendre les autres dans le silence. J’adore entendre les autres parler. »
« Je crois que je n’ai jamais eu le mauvais côté de l’ego. J’ai un ego qui m’aide à me construire. »
« C’est comme un film de science-fiction, la création. Je ne comprends pas toujours comment ça se fait. »
« Je me souviens de Michel Drucker annonçant : « Eh maintenant, Mireille Mathieu va chanter devant vous a cappella. » Moi, jamais je ne ferai ça. L’a cappella, c’est pour les chanteurs. Je ne suis pas un chanteur. »
« Si je pouvais ne chanter qu’à minuit, j’aurais été un grand chanteur. Comment on peut avoir du feeling à 20h30 ? »